En août 2014, l’auteur et dessinateur Satoru Noda créa le manga Golden Kamui dans le magazine Weekly Young Jump.
L’histoire : Juste après la guerre russo-japonaise (1904-1905), le soldat Saichi Sugimoto et Ashirpa, une Aïnou, partent à la recherche de l’or du peuple aïnou volé par un criminel. Leurs seuls indices : une carte tatouée sur le corps d’autres criminels échappés de la prison d’Abashiri. Durant leur voyage sur l’île d’Hokkaido, au nord du Japon, ils rencontreront différents personnages, qui eux aussi, cherchent l’or pour différents motifs.
Au-delà de la chasse au trésor, le manga fait de nombreuses références à l’histoire du Japon.
Pour le personnage de Sugimoto, Satoru Noda s’inspira du nom et du statut de soldat de son arrière-grand-père, Saichi Sugimoto, qui participa à la guerre russo-japonaise.
La guerre russo-japonaise (1904-1905). A la fin des années 1890, il y eut des tensions entre Russie et Japon au sujet de l’expansion vers la Mandchourie et la Corée. Finalement la guerre éclata entre les deux empires en 1904. Le manga fait référence à la bataille de la colline 203 (203 mètres au dessus du niveau de la mer) avec le siège de Port-Arthur où malgré d’importantes pertes, les Japonais gagnèrent cette bataille, et la guerre en 1905.
Un des héros, Yoshitake Shiraishi, est inspiré de Yoshie Shiratori (1907-1979). Shiratori était un meurtrier et un voleur qui s’échappa de plusieurs prisons dans les années 1930-1940. En 1944, il s’échappa de la prison d’Abashiri en faisant rouiller ses menottes et la porte de sa cellule avec de la soupe.
Dans la ville d’Abashiri, la prison ouvrit ses portes en 1890 à la base pour des prisonniers politiques. Les conditions d’incarcération furent rudes dans une zone où la température peut descendre à -20°C. Durant les années 1980, les prisonniers furent transférés vers une nouvelle prison, et l’ancienne prison devint un musée. Dans ce musée, il y a une sculpture de Shiratori qui s’évade.
C’est aussi dans cette ville qu’il y a le musée des peuples du nord depuis 1993. Ce musée porte sur les cultures des Inuits, des Samis… et des Aïnous, dont est issue Ashirpa.
Les Aïnous sont établis sur Hokkaido et les îles Sakhaline près de la Sibérie. Durant des siècles, les terres des Aïnous sont peu à peu prises par le gouvernement japonais. En 1899, le gouvernement japonais interdit aux Aïnous de pratiquer leur culture de chasse et de pêche, et donne des terres pour qu’ils deviennent agriculteurs, mais ces terres sont pauvres. Dans les années 1930-1940, le gouvernement nationaliste en quête d’un peuple uni et homogène n’a pas amélioré les choses.
En 1994, Shigeru Kayano, un politicien Aïnou de la ville de Biratori devint le premier Aïnou à siéger au parlement. En 1997, il parvint à faire voter une loi de promotion de la culture aïnou (les spectacles, les traditions aïnous sont acceptés). Cette loi permit la reconnaissance officielle de la minorité aïnou. En 2019, une loi fut votée pour renforcer la culture des Aïnous.
Le manga évoque des points de la culture aïnou.
Le tatouage autour de la bouche des épouses, plus l’époux est important dans la communauté, plus le tatouage est grand.
La cérémonie de Iyomante où les Aïnous sacrifient un ours qu’ils ont élevé et nourri depuis le petit âge. Cette cérémonie est à la fois rituelle car destinée aux esprits divins, mais aussi pratique car la viande servira de nourriture et la peau de vêtements.
Le soldat Genjirou Tanigaki est un Matagi posté dans la septième division de l’armée impériale. Les Matagis sont des chasseurs d’ours et de cerfs du nord du Japon. Les racines de cette communauté de chasseurs Japonais remontent au 16ème siècle. La culture matagi a des points communs avec celle des Aïnous. L’ours noir étant classé comme espèce menacée d’extinction, les Matagis ont une licence spéciale à renouveler tous les 3 ans. Après la catastrophe de Fukushima, le gouvernement a interdit la commercialisation de viande d’ours pour 6 ans par crainte qu’elle ne soit contaminée, ce qui fut un coup dur pour cette communauté.
Hijikata Toshizo (1835-1869) est un samouraï qui participa à la guerre de Boshin (1868-1869) qui vit s’affronter des samouraïs proches de l’empereur au gouvernement shogunal. Toshizo était du côté des samouraïs et mourut en 1869 durant la bataille finale de Hakodate. Cette guerre fut remportée par les troupes impériales et mit fin au shogunat.
Il y aussi une référence au naturaliste Ernest Thompson Seton avec le personnage de Shiton Anehata.
La boîte de mangas 