Le travestissement consiste à porter des vêtements, du maquillage, des accessoires associés au genre opposé au sien, comme un homme portant une robe. Cela peut se faire pour 3 raisons :
Le travestissement utilitaire : espionnage, infiltration, piège.
Le travestissement d’émancipation : accéder à un secteur interdit à son genre, casser les codes.
Le travestissement lié à l’identité de genre : une personne transgenre peut porter des vêtements du genre opposé pour se sentir plus en phase avec son genre.
Élément fort dans les fictions, il est présent dans les mangas car au Japon le travestissement est présent comme dans la troupe de théâtre Takarazuka, fondée en 1914, et composée exclusivement de femmes jouant les rôles féminins et masculins.
Dans des mangas, le travestissement est utilisé pour l’espionnage, l’infiltration, piéger un ennemi. Mais cela peut aussi être vu comme un gag où un homme se trouve ridicule habillé en femme.
L’auteur Tsukasa Hojo utilise souvent le travestissement dans ses mangas (article plus détaillé ici) :
Dans Cat’s Eye, Toshio s’habille en femme pour une mission de police, Rui se déguise en Toshio pour accéder à des documents de police. Le policier Kizaki se déguise en femme pour une mission. Hitomi se déguise en homme pour repérer les failles d’un musée, elle croise Asatani qui tombe amoureuse d’elle, pensant qu’elle est un homme.
Dans City Hunter, Ryo et Umibozu se déguisent pour des missions. Par un tour dont il a le secret, Ryo cache son sexe pour se faire passer pour une femme. Il est bien bien déguisé en femme qu’une militaire homosexuelle est attirée par lui. Pour éviter un reportage sur City Hunter, Ryo se fait passer pour son jumeau qui se travesti en femme dans un bar gay. Pour être avec les femmes, il porte une tenue d’aérobic de femme. D’autres personnages sont travestis comme Keiichi Kashiwagi, un acteur témoin dans une affaire judiciaire, qui est en fait une femme déguisée en homme pour le bien de l’enquête.
Dans Family Compo, Masahiko Yanagiba est orphelin et vit chez les Wakanaé, car Yukari est sa tante maternelle. Pour un film du club de cinéma, Masahiko s’habille en fille, sous le nom de Masami. Takuya Ejima, dragueur, se travesti aussi au concours de travestis. Tatsumi, un mafieux, tombe amoureux de Masahiko habillé en femme, et quand il apprend la vérité, il reste charmé par «elle».
Dans Prince Eleven, Midori Yamate couche avec son ami Tsukasa. Mais ce dernier l’a fait pour gagner un pari. Pour se venger, Midori, passionnée de foot, s’inscrit au lycée de Tsukasa, star du foot local, et se fait passer pour un garçon et intègre l’équipe de foot.
Dans Versailles of the dead, Albert, le frère jumeau de Marie-Antoinette morte, se fait passer pour elle et se déguise en femme.
Goku se déguise en fille pour piéger Oolong au début de Dragon Ball.
Dans Détective Conan, Yukiko Kudo et Vermouth se déguisent en homme.
Le travestissement pour casser les codes, se faire une place dans un milieu masculin :
En 1953, Osamu Tezuka lança Princesse Saphir (Le chevalier au ruban en VO) : Au royaume d’Argent, la reine donne naissance à Saphir, une fille. Mais la loi interdit à une fille de gouverner. Alors le couple royal et des gens de confiance décident de faire passer Saphir pour un garçon, et espèrent un jour modifier la loi. A travers des aventures, Saphir fera face à des ennemis, et devra cacher ses sentiments pour le prince Franz. L’inspiration de Tezuka pour une héroïne déguisée en homme lui vient du théâtre Takarazuka qu’il a connu enfant.
Dans Les enfants de Saphir (1958), Saphir et Franz ont des jumeaux, Daisy et Violette, garçon et fille. Un jour, une duchesse abandonne Daisy dans la forêt. Au château, Violette doit être elle-même, et se déguiser en garçon pour passer pour son frère Daisy.
Dans La rose de Versailles, le général Rainier de Jarjayes n’a que des filles, mais veut un fils pour lui succéder dans la garde royale. Il appelle sa sixième fille Oscar, et la fait passer pour un garçon et l’entraîne au combat. Oscar est inspirée du chevalier d’Éon, un espion qui se déguisait en femme (1728-1810). A l’époque Ikeda était dans le groupe de l’an 24, un groupe d’auteures de mangas, qui bousculait les codes. Ici Ikeda joue avec le genre féminin et masculin avec une héroïne élevée «comme un garçon».
Dans Urusei Yatsura, Ryunosuke Fujinami est une fille élevée «comme un garçon». Au contact des autres lycéens, elle développe sa féminité et s’oppose à son père. Au lycée, elle porte l’uniforme des garçons, et dans le dos de sa chemise son père a cousu le kanji 男 (homme). Ryunosuke ressemble tellement à un garçon que des filles en sont amoureuses en sachant que c’est une fille.
Dans le manga Idol A, Satomi Azusa, fille de l’entraîneur de l’équipe de baseball veut intégrer l’équipe, mais les filles ne sont pas acceptées. Mais comme elle ressemble à Keita Hirayama, amoureux d’elle, ils échangent leur place et elle peut jouer dans l’équipe.
Dans Dead dead demon dededededestruction, Makoto s’habille en fille, pas parce qu’il est transgenre, mais parce qu’il se sent bien.
Le travestissement est utilisé pour des questions d’identités sexuelles :
Des personnages transgenres portent des vêtements associés à leur genre, comme dans Family Compo, et dans Celle que je suis où Yuji Manase, femme transgenre, s’habille en femme pour «apaiser le malaise vis-à-vis de son corps».
Dans Sailor Moon, Haruka Tenno (Sailor Uranus) est une femme habillée en homme. En Sailor, elle embrasse Sailor Moon. Seiya Ko (Sailor Star Fighter) est une femme habillée en homme membre d’un boys band. Elle aussi embrasse Sailor Moon.
Shuuji Misora s’habille en fille dans Eclat(s) d’âme, mais ne se définit pas encore comme garçon ou fille.
Dans One Piece, Sanji va sur l’île de Momoiro Airando (le royaume Kedetrav en vf) où vivent des hommes travestis en femme.
Jonglant avec les travestissements, entre gag, émancipation et identité de genre, le manga bouscule les codes et montre qu’il est un reflet de la société et un support engagé.
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